Les jeunes veulent le pouvoir…

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a)    Acte II – Scène 2

Minla’a et sa troupe cheminent désormais à travers la brousse. Ils ont établi un campement à Ntante où ils sont depuis quelques années. C’est la période des récoltes. Minla’a, Mengue et un groupe de gens sont attablés et boivent du vin de palme.

  • Minla’a : Apportez-moi encore du vin de palme. Mes frères et moi devons boire.
  • Mengue : Que fêtons-nous ?
  • Minla’a : Nous fêtons la vie. Nous fêtons le chemin parcouru depuis Mvoutedoum. Nous fêtons les récoltes que nous aurons prochainement.
  • Mengue : Fêtons. Mais chez nombre de nos jeunes, ça gronde. Ils disent qu’ils ne sont pas des fermiers. Ils veulent aller conquérir d’autres villages. Faire des razzia. Prendre les femmes et le bétail.
  • Minla’a : Ah bon !? Ils disent ça ? Ils disent quoi d’autre ?
  • Ebene : Ils se demandent pourquoi, connaissant la raison qui nous a fait quitter notre Mvoutedoum natal, nous devenons des fermiers.
  • Minla’a : Des fermiers ?
  • Ebene : Ce sont là leurs mots, grand frère. Pas les miens…
  • Minla’a : Je sais et je les connais. Je sais que parmi eux, il y a mes enfants, et tes enfants. Tiens je vais faire appeler les meneurs. Appelez-moi Oyane et Mebe.

Entrent deux jeunes qui regardent fièrement l’assistance. L’un d’eux est visiblement le leader.

  • Minla’a : Il m’est revenu que vous contestez la direction que nous suivons collectivement.
  • Le leader : Seigneur, tu veux dire la direction que TU donnes au groupe…
  • Minla’a : Tu fais une différence entre les deux. Soit…
  • Le leader : En effet, nous pensons que c’est un tort de dormir là et de laisser les autres villages tranquilles.
  • Mengue : Vous ne niez même pas devant vos aînés ?
  • Le leader : Pourquoi nier ? Nous assumons nos idées… Tout comme vous, et en particulier notre père et Chef Minla’a l’a fait face à son Père !

Un long silence s’installa, que Minla’a, le chef, rompit…

  • Minla’a : Vous faites Trois erreurs (silence). La première est que vous négligez l’agriculture. Vous voulez aller faire la guerre. Mais sans la terre, les guerriers n’ont rien à manger. Ces terres que nous occupons sont à nous, et le resteront. Vos enfants, et les enfants de leurs enfants pourront s’en prévaloir. Ce sera leur richesse. Nous devons occuper, et mettre en valeur. Et nous pourrons nous étendre. Vous avez parlé de mon père. Mais le désaccord que nous avions était justement parce qu’il avait laissé d’autres attaquer nos terres sans réagir. La guerre est utile, quand elle sert un objectif louable. Sinon ce n’est que de la sauvagerie. Les Beti, les Seigneurs, ne sont pas des sauvages.
  • Le leader : C’est ton point de vue…
  • Minla’a : Tu verras que ça va être le tien également. La seconde erreur que vous faîtes est d’oser me défier, en public notamment. J’ai créé un conseil, mes oreilles sont disponibles pour quiconque veut me parler ou a une idée à proposer. J’écoute. Mais une fois que j’ai décidé, et tant que je serai notre chef, ça s’applique. Sans aucune discussion possible. Ni même un murmure. Vous allez donc être punis.
  • Le leader : Toujours défiant l’autorité, quelle est la troisième erreur ?
  • Minla’a : La troisième est que vous avez pensé que je serais faible comme mon père l’a été avec moi. En ne coupant pas l’herbe qui commence à pousser, il s’est retrouvé avec un champ rempli. Mon champ restera immaculé.
  • Ebene : Quelle sera leur punition ?
  • Minla’a : Patience. Gardes ! Allez me chercher les deux esclaves qui ont volé dans les champs et amenez les ici.

Puis se tournant vers les jeunes rebelles, tandis que les gardes entrent avec deux prisonniers…

  • Minla’a : Je vais donc vous faire couper la main droite. Celle que vous vouliez utiliser pour vos razzias. Et ces esclaves subiront le même sort.
  • Mengue : Chef, n’est-ce pas un peu trop sévère ?
  • Minla’a : Si le maître n’est pas sévère envers les enfants, c’est la vie qui sera sévère avec eux.
  • Ebene : Nos enfants subiront ils donc le même sort que des esclaves ?
  • Minla’a : La seule différence entre nos enfants et les esclaves que nous avons est que les uns sont nés ici et les autres là-bas. Ce n’est pas la naissance qui fait le mérite d’un homme. Ce sont ses actes et ses paroles. Et plus on est d’une extraction élevées, plus haute est la barre à atteindre. L’homme juste ne juge pas les gens selon ce qu’ils sont, mais selon ce qu’ils font. Les fautes sont toutes dommageables pour l’harmonie de notre vie commune. Les auteurs les paieront de la même façon.

Se saisissant de la machette, il coupe les mains des quatre coupables. Puis, se rasseyant…

  • Minla’a : Voilà, les petits désagréments sont maintenant derrière nous. Buvons, et fêtons nos récoltes…

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Article précédent : Acte II – Scène 1

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