La victoire amère…

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Minla’a et son conseil sont réunis. L’heure a l’air grave.

  • Alam : Qu’allons-nous faire ? Les Yemayeme sont presque assez nombreux pour nous encercler. Si nous ne faisons rien, nous allons bientôt être assiégés.
  • Minla’a : Nous n’allons pas rien faire. Pour commencer, mon frère Mengue est allé à leur rencontre pour les prévenir que leur manœuvre devait cesser.
  • Alam : Il est parti, et pour l’instant personne de chez eux n’a reculé. En outre, nous avons convenu avec lui de ne pas aller au combat avant son retour.
  • Minla’a : Nous avons convenu de cela, mais j’ai envoyé deux bataillons prendre de revers les ennemis au Sud et à l’Est.
  • Alam : Sans nous en informer ?
  • Minla’a : Il y a eu une opportunité. J’ai décidé. Les bataillons vont significativement affaiblir l’adversaire. Je lancerai ensuite les autres bataillons.
  • Alam : et la mission de Mengue ?
  • Minla’a : S’ils se rendent maintenant, j’épargnerai des vies. Certaines de leurs vies. N’oublions pas qu’ils ont osé venir ici, nous trouver et nous défier.
  • Alam : Je vois, tu avais tout prévu. Lesquels de nos bataillons sont partis ?
  • Minla’a : Le bataillon de Zeh et de Minlo’o.
  • Alam : Les deux seuls bataillons menés par les enfants de Mengue ? Pendant son absence ?
  • Minla’a : Les bataillons nécessaires à la mission. Je crois qu’elle sera atteinte.

Une grande clameur retentit à l’extérieur. Entre un garde…

  • Le garde : Nkunkuma, les nouvelles du front sont arrivées. Les bataillons que tu as envoyés ont quasiment détruit les troupes ennemies au Sud et à l’Est. Nos alliés vont pouvoir arriver par là.
  • Minla’a : Bien, bien. Pourquoi cette clameur dehors ?
  • Le garde : Nous avons eu des pertes.

Pendant qu’entre Mengue…

  • Minla’a : Il n’y a pas de guerre sans morts.
  • Le garde : Zeh et Minlo’o sont morts. Et Mengue est de retour…
  • Mengue, la voix serrée : Minla’a je souhaite m’entretenir avec toi, seul à seul.
  • Minla’a : Pourquoi seul à seul ? qu’as-tu à cacher ? je suis avec mon conseil…
  • Mengue : à cacher ? moi ? Qui a caché quoi à qui ? je souhaite te parler en privé pour ne pas avoir à te manquer de respect en public.
  • Minla’a : Tous, sortez. L’assistance se lève pour sortir. Puis s’adressant au garde : Sauf toi !
  • Mengue : Tu as osé ! Tu as envoyé mes fils ainés à la mort.
  • Minla’a : Pourquoi aurais-je fait ça ?
  • Mengue : Pour que sans fils adulte, notre relève ne soit constituée que de ta descendance.  Tu t’assures le pouvoir et tu nous gardes sous ta coupe.
  • Minla’a : je comprends ta douleur, mais il ne faudrait pas tomber dans la paranoïa. Tes enfants sont mes enfants, et mes enfants sont les tiens.
  • Mengue : Lesquels ? Tu viens de me prendre mes deux ainés.
  • Minla’a : Je comprends ta douleur. Je sais que rien ne pourra les remplacer. Mais frère, je ne t’ai pas pris tes enfants. Je ne vais pas me fâcher parce que je sais que grande est ta peine. Le cœur en colère ne peut pas toujours contrôler la bouche. Zeh et Minlo’o étaient nos meilleurs chefs de bataillon. Sans eux, nous n’aurions pas eu les mêmes chances de succès. La mission était risquée, mais elle était impérieuse.
  • Mengue : Tu parles, mais je n’entends rien.
  • Minla’a : Tu entendras. Sache néanmoins que deux de mes jeunes épouses, Omo’o et Ntyene, viennent d’accoucher, chacune d’un garçon. Je vais les appeler Mengue. Quand ils seront grands, ils te rendront les égards dus à un père.
  • Mengue : Mais ce sont tes enfants, Minla’a. Et ils ne l’oublieront pas. Personne ne l’oubliera. Et si je voulais des enfants en bas âge, je peux encore en faire. J’ai également de jeunes épouses. Je parle de ma relève. Celle que tu as prise. Pendant que la tienne restait avec toi.
  • Minla’a : Je n’ai pas pris tes fils. Ils se sont sacrifiés pour leur clan. Et je te donne deux fils. Élève-les. Ils te rendront témoignage.
  • Mengue : On ne refuse pas l’enfant. Ce qui est terrible, c’est que j’avais conclu un accord avec nos ennemis. Je leur ai fait peur et ils avaient accepté de partir dans trois jours. Mes enfants sont vraiment morts pour rien. Pour rien…

Minla’a : Ils sont morts pour nous. Et les Yemayeme, accord ou pas, vont comprendre qu’on ne s’attaque pas impunément à Minla’a mi Foumane. Et ce que je leur ferai servira notre renommée pour quiconque essaie de se mettre sur le chemin de notre famille. Tu mourras Mengue. Je mourrai. Nous ne savons juste pas quand ni comment. Zeh et Minlo’o sont morts en héros. Ils ont eu cette chance Nous ne les oublierons pas. Va.

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