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a)    Acte II – Scène 4

La guerre est terminée. Les Yemayeme ont été éliminés. Le conseil de Minla’a s’apprête à recevoir le chef des Yemayeme, Mbozo’o. Pour négocier les conditions de sa vie sauve ?

  • Ebene : Modzan Minla’a, Mbozo’o est complètement vaincu. Il arrive ici la queue entre les jambes. Que lui prévois-tu ?
  • Alam : Vas-tu lui couper la main ou lui trancher la gorge ?
  • Minla’a : Une gorge sera tranchée aujourd’hui, pour sûr, et du sang coulera. Il apaisera ceux des nôtres qui sont partis (se tournant vers Mengue) et nos colères, à nous qui sommes restés. (Puis vers la porte) Qu’il entre !

Entre Mbozo’o, la tête haute, fier…

  • Mbozo’o : Mbolo. Je vous salue, Vous de Minla’a…
  • Assemblée : Mbolo Mbozo’o.
  • Mbozo’o : L’heure est arrivée. Je suis prêt.
  • Minla’a : Dis-moi, mon cher Mbozo’o, quelle heure est arrivée ?
  • Mbozo’o : L’heure de mourir dignement, comme un homme ayant combattu pour les siens. La tête haute.
  • Minla’a : Moi Minla’a, j’admire les hommes d’honneur. Tu t’es battu courageusement. Tu as perdu et c’est normal. Ça n’enlève rien à ta valeur. Ce n’est ni aujourd’hui ni par ma main que tu mourras.
  • Mbozo’o : Non ?
  • Minla’a : Non. J’ai demandé à te voir pour sceller une alliance.

Murmures dans l’assistance : On devrait l’anéantir, sinon il reviendra se venger. On ne dormira jamais sur nos deux oreilles.

  • Mbozo’o : Tu les entends ? A leur place, je dirais la même chose. Pourquoi cette magnanimité ?
  • Minla’a : Il ne s’agit pas de magnanimité. Il s’agit d’un calcul rationnel pour le bien des miens. Je mourrai. Si toi ou ta descendance ou même ta parentèle concevez encore de la rancœur à notre égard, c’est là que jamais nous ne dormirons sur nos deux oreilles. Oui, nous avons combattu. Nous poursuivions le même but, cela n’empêche pas qu’il faille construire le futur. Un proverbe dit que « Quand le vainqueur a quitté les armes, le vaincu doit quitter sa haine ». Je te propose cette alliance pour qu’il n’y ait plus de haine chez les Yemayeme envers nous.
  • Mbozo’o : Si ce que tu dis est vrai et que tu es sincère, le proverbe qui dit « faites en sorte que les vaincus puissent se féliciter de vous avoir pour vainqueurs » se sera vérifié. Par contre, tu as bien entendu ton peuple. Il doute. Il n’aura pas confiance. Que proposes-tu comme alliance pour lever ces doutes ?
  • Minla’a : Gardes : Apportez l’animal.

Les gardes entrent avec une antilope ligotée par les pattes. Minla’a se lève. Il prend un couteau à l’un des gardes, puis levant la lame, il tranche d’un coup sec la gorge de l’animal.

  • Minla’a : Ici, nous avons tué cette antilope, en Boulou « So ». ici nous creuserons sa tombe. En Boulou « Avouss ». Je te propose de célébrer le rite que l’on appelle « Avousso », la tombe de l’antilope. Pour cela, tu feras couler mon sang sur cette tombe et je ferai couler ton sang sur cette tombe.

Il tend le manche du couteau vers Mbozo’o d’une main tout en offrant son autre main à la lame. L’assistance toute entière peut voir que Mbozo’o hésite. Il finit par prendre le couteau, et d’un coup fin, érafle le chef Minla’a. Des gouttent suintent et tombent sur l’animal. Minla’a récupère le couteau et fait de même. Le sang des deux héros se mélange à celui de l’animal dans les hourras de la foule. Minla’a lève la main, et la clameur se calme…

  • Minla’a : Pour finaliser cet Avousso, voici cinq de nos plus belles filles. Elles partiront en mariage chez cinq de vos plus vaillants fils. Elles mettront au monde de beaux et vaillants fils. Ces fils seront des Yemayeme. « Ye ma bele ? Est-ce que je dis la vérité ? »
  • L’assemblée : « Ya wa bele. Tu dis la vérité ».
  • Minla’a : Qui seront les oncles maternels de ces enfants ? Dites-moi
  • L’assemblée : Nous serons ces oncles maternels. Les oncles de ces enfants.
  • Minla’a : Dites-moi, vous avez déjà vu ou entendu que des enfants attaquent leurs oncles maternels ? Moi je n’ai jamais vu ça. « Ye ma bele ? Est-ce que je dis la vérité ? »
  • L’assemblée : « Ya wa bele »
  • Minla’a : Mon frère Mbozo’o, tu vois ? Ils auront confiance. Voici les filles de chez moi. Occupe t’en bien. Leurs enfants seront le ferment de la confiance entre nos deux peuples. Le ferment de l’Avousso ! C’est un rite que nos ancêtres ont créé pour maintenir l’union et la paix entre peuples. Il a tendance à être oublié. Espérons que ce que nous avons fait aujourd’hui contribuera à le perpétuer dans les mémoires et dans les pratiques.
  • Assemblée : Yaaa !

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