La défiance…

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a)    Acte I – Scène 3

Foumane Minla’a, le chef, est sur la scène. Il l’arpente en maugréant. Entrent deux de ses espions Amougou et Belinga

  • Le chef Foumane : Quel dilemme ! J’espère que mes notables qui sont allés à Olounou reviendront couronnés de succès. Que se passera t-il si nous entrons en guerre ? Qui la mènera ? Je suis déjà vieux. Je sens que mes notables ont des intérêts à protéger. Sera-ce alors la jeune garde ? Ils sont si virulents. Peut-être devrais-je aller rencontrer moi-même le chef d’Olounou. Ensemble, arriverons-nous peut-être à calmer tout ceci.

Entrent deux de ses espions Amougou et Belinga

  • Le chef Foumane : Entrez ! Dites-moi quelles sont les nouvelles. Commençons par toi Amougou, comment se passent les pourparlers à Olounou ?
  • Amougou : Chef, cela ne s’annonce pas très bien. Les émissaires de sa majesté ont été très mal reçus par les gens d’Olounou.
  • Le chef Foumane : Comment cela ?
  • Amougou : A peines arrivés, tes émissaires ont été entourés et arrêtés par leurs gardes. Melono a été mis à genou et molesté devant leur chef.
  • Le chef Foumane : Melono ? Lui-même ? Pour quelle raison ?
  • Amougou : Ils disent que nos jeunes, sous ton ordre, ont attaqué des habitants de chez eux dans leurs champs, les ont tabassés et ont brûlé les champs.
  • Le chef Foumane : Sous mon ordre ? Pourquoi pensent-ils que c’est sous mon ordre ? Quand leurs jeunes ont attaqué les miens, ne leur ai-je pas laissé le bénéfice du doute ?
  • Amougou : La sagesse des anciens nous enseigne que la mémoire est sélective…
  • Le chef Foumane : Pourquoi disent-ils que c’est sous mes ordres que nous les avons attaqués ?
  • Amougou : Parce que la délégation des assaillants étaient conduites par Minla’a, ton fils, disent-ils. Et que si ce n’est sous tes ordres, c’est que tu n’as aucun contrôle sur les tiens. Ce qui est pire d’après eux.
  • Le chef Foumane : Et ils auraient raison de dire cela. Tu as dit que Minla’a était le meneur?
  • Amougou : Oui…
  • Le chef Foumane : Ne lui avais-je pas ordonné de se tenir à carreau ? et toi Belinga, toi qui étais censé le suivre, est-ce avéré ? Qu’as-tu vu depuis qu’il est sorti d’ici, raconte-moi tout fidèlement
  • Belinga : Chef, J’ai vu Minla’a sortir d’ici et aller rassembler un groupe de jeunes.
  • Le chef Foumane : Que leur a-t-il dit pour les mobiliser contre mes ordres ?
  • Belinga : Je l’ai entendu dire que le village n’appartenait pas, n’appartiendrait plus aux notables issus d’une génération passée. Il leur a dit que c’est eux qui devront assumer les décisions qui se prennent aujourd’hui. Il leur a demandé s’ils étaient d’accord pour accepter cet opprobre.
  • Le chef Foumane : Et tous l’ont suivi ?
  • Belinga : Non, pas tous. Mais la plupart. Y compris tes fils plus jeunes comme Mengue et Ebene.
  • Le chef Foumane : Qu’ont-ils fait ensuite ?
  • Belinga : Je les ai vus se diriger vers les terres où ceux d’Olounou cultivent le manioc.
  • Le chef, inquiet : et après ?
  • Belinga : Je les ai vus tabasser hommes, femmes et enfants et incendier les champs en promettant de revenir tuer tout le monde si jamais notre village, Mvoutedoum, était de nouveau attaqué.
  • Le chef, terrassé : Ainsi c’est vrai. Et c’est tout ? qu’a-t-il fait ensuite ? Il est revenu au village ? il est ici ?
  • Belinga : Oui il est au village
  • Le chef, résolu : Il est dans sa case ? Si oui, je vais envoyer des gardes pour l’attraper
  • Belinga, hésitant et bégayant : Il est là, mais il n’est pas dans sa case…
  • Le chef, interrogatif : Il est où alors ?
  • Belinga, encore plus hésitant : Il est dans la case d’Anaba…
  • Le chef, interloqué : Anaba qui est ma 9ème épouse ? Celle-là ou une autre ?
  • Belinga, apeuré : Celle-là même.
  • Le chef, furieux : Je ne vais pas ajouter l’opprobre à l’offense. Les gardes n’iront pas le chercher tout de suite au risque de déclencher un scandale. Mais il sortira de chez Anaba avant l’aube pour ne pas être vu. Va et postez-vous devant la porte. Dès qu’il sort, vous me l’amenez. Il sera jugé pour sa défiance publique à mon autorité. J’ai dit !

Ils sortent…

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