Le fruit de la discorde…

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a)    Acte I – Scène 2

Plusieurs années plus tard. Foumane Minla’a, le chef, est assis. Pensif, il boit du vin de palme. Entrent ses conseillers Alam, Melono et Minla’a mi Foumane, son fils ainé.

  • Le chef Foumane : Asseyez-vous. Je vous ai fait venir pour discuter de la dernière attaque de nos puissants voisins d’Olounou. Vous n’ignorez pas que quelques-uns de leurs jeunes ont fait une incursion dans nos terres et ont saccagé les champs qui se trouvent à Ebebenda.
  • Alam : Oui Foumane, nous le savons. Nous savons que c’est de nature à remettre en cause la stratégie que nous avons arrêtée, à savoir, le dialogue et la paix
  • Melono : Je propose qu’on leur envoie une délégation pour vérifier que ce n’était une attaque coordonnée, en exigeant la punition des coupables. Mais que pour l’instant, nous ne ripostions pas. Comme mon grand-père disait « Si tu cherches la vengeance, creuse deux tombes : une pour ta victime, et une pour toi ».
  • Minla’a : Il est vrai que ceux qui prennent des risques avec courage meurent. Mais tous les lâches également mourront. Ce qui compte c’est quelle vie nous vivons…
  • Melono : Tu veux commencer la philosophie…
  • Le chef Foumane : Du calme. C’est moi qui donne la parole ici. Alam, Melono, je vous ai entendus. Vous préconisez une approche pacifique.
  • Alam : C’est cela. Pour déclencher une guerre, il faudrait être sûr que c’est ce que nous voulons, c’est ce que nous pouvons et c’est ce que nous devons faire.
  • Le chef Foumane : Et toi, mon fils ? Qu’en penses-tu ?
  • Minla’a : Père, je ne suis pas sûr qu’il faille que je parle. Si je parle je risque d’entendre « Ebiassé », l’insolence. C’est ainsi qu’on accuse les jeunes qui ont un avis différent de leurs pères.
  • Le chef Foumane : Il ne faut pas confondre avis différent et manière de dire. C’est mon rôle de chef, et de père, d’entendre les avis différents.
  • Minla’a : Je pense que nous faisons acte de faiblesse ! Et personne ne respecte les faibles. Mon oncle Alam dit que nous devons être sûr que nous voulons, nous pouvons et nous devons. Moi je pense avant tout que la question à se poser est « que devons-nous faire ? ». Que devons-nous faire quand on vient nous agresser sur nos terres. Devons-nous laisser cela impuni ?
  • Le chef Foumane : Ce que tes pères ici présents disent, c’est que nous devons d’abord vérifier qu’il s’agissait d’une agression consciente et volontaire.
  • Minla’a : Aucun jeune d’Olounou ne devrait même envisager de s’attaquer à nous. Ça arrive parce qu’ils n’ont pas conscience que notre réaction sera impitoyable. Parce que nous nous demandons si nous voulons et surtout si nous pouvons. Non, nous devons, donc on doit s’organiser pour les châtier.
  • Alam : c’est ce que j’ai proposé. Aller exiger qu’ils soient dénoncés, et punis devant nous.
  • Minla’a : Le bras d’un père qui châtie se retient toujours. Nous devrions les châtier. Nous-mêmes ! Sans demander à quiconque. Mais je sais que je suis minoritaire…
  • Le chef Foumane, murmurant : Minla’a. Toi aussi. La guerre, toujours la guerre. Olounou est puissant. Combien de pertes aurions-nous si nous fonçons tête baissée dans les combats ? Physiquement, mystiquement ?
  • Melono : Il veut en découdre. Il est comme toi à son âge. Toujours à préférer le combat au dialogue.
  • Le chef Foumane : Il oublie que l’on peut lutter contre la guerre par le dialogue et la paix. On apprend cela avec l’âge.
  • Minla’a : On apprend surtout cela quand on a peur de la guerre. Je ne refuse pas la paix. Mais elle ne doit pas arriver parce qu’on a peur de la guerre. Elle doit arriver parce que les autres ont peur de la guerre avec nous. Sinon, nous sommes ridicules.
  • Le chef Foumane : L’Ebiassé commence. Tu as vu comment tu me réponds, devant tout le monde ? Mon autorité est-elle remise en question ici ? à l’Aba des Hommes ?
  • Minla’a : Père…
  • Le chef : Cela suffit ! Beaucoup trop de sang a coulé. Voici ma décision. Melono, prends une délégation et allez à Olounou. Dites au chef que nous exigeons une confirmation que l’attaque n’est pas de son fait, et comme gage de bonne volonté, qu’il nous donne les coupables pour une punition exemplaire. Toi Minla’a, retire-toi. Et surtout, je t’interdis formellement, ainsi qu’à tous ces jeunes dont tu es le leader, de tenter quoique ce soit contre quiconque avant que la diplomatie n’ait abouti. Je te l’interdis. J’ai dit !

Alam, Melono et les autres notables sortent. Minla’a reste dans la pièce. Fixant son père. Il prend un fruit dans une corbeille. Le croque. Puis il sort…

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Acte 1, Scène 1

Une réponse à « Le fruit de la discorde… »

  1. Avatar de La sorça
    La sorça

    Je suis avec vous Mr

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